L’anxiété de l’enfant est souvent mal connue, et l’enfant est vite jugé comme étant « méchant, insolent ou opposant ».
Les circonstances qui nous semblent banales, à nous adultes, parents ou éducateurs, sont pour l’enfant des tsunamis à l’échelle de leur vie d’enfant.
Les classes de maternelles, constituent pour un certain nombre d’entre eux, un défi, qui va prendre l’allure d’une exploration en milieu hostile.
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L’entrée en Maternelle ou l’exploration du Nouveau Monde…
Je vais vous raconter ici l’histoire de Tom, 4 ans et demi, qui vous permettra de comprendre ce qui se passe dans la tête d’un enfant en apparence agressif, mais qui, en vrai, est simplement anxieux : il a perdu ses repères et il a peur.
Tom, 4 ans et demi, dans sa nouvelle école maternelle
Nous sommes au mois de janvier et Tom a 4 ans ½. Il est en moyenne section de maternelle, dans sa nouvelle école, et sa maitresse est de plus en plus inquiète de son comportement.
Il est très attachant, peut être très gentil et agréable et puis parfois, il change de visage. Il ne s’intéresse plus aux ateliers que sa maitresse lui propose, il s’isole dans son monde, n’est plus attentif…
Et puis, lorsqu’il se retrouve dans cette grande cour de récréation ou à la cantine, quand il perd ses repères, qu’il ne sait plus quelle grande personne le regarde… Il a peur, et alors il court, il s’agite… Et il tape le premier petit garçon qui passe à côté de lui, parfois même il mord…
Même cette petite fille si gentille qui est proche de lui. Pourtant il a l’air si doux parfois, si curieux et intelligent, il peut être très attentif aux autres quand ils se font mal. Cet enfant aux deux visages, avec sa bouille d’ange, intrigue sa maitresse.
La violence fait son apparition de plus en plus fréquemment dans les cours d’école, y compris dans celles des classes maternelles.
Les enfants tapent, mordent, agressent les autres et parfois eux mêmes, impactant la dynamique de la classe, interpellant les enseignants et désorganisant les apprentissages.
Quelles sont les causes de cette agressivité ?
Les parents de Tom sont étonnés d’être interpellés par la maitresse, qui leur décrit un autre petit garçon qu’à la maison.
Avec eux, il est très bavard, souvent agréable, même si parfois il fait des colères « pour un rien » ou qu’il n’a pas toujours l’air d’écouter ce que ses parents lui demandent.
Il est attentionné avec sa petite sœur, née il y a un an ½. D’ailleurs la famille avait déménagé, à la naissance de Zoé, trouvant une maison plus grande à côté de la nouvelle école de Tom.
Ils s’étaient alors éloignés de ses grands-parents, chez lesquels Tom passait de longs après-midis complices avec son papy.
Et puis, il était arrivé à l’école. Alors oui, bien sûr, Tom avait visité sa nouvelle école, rencontré sa maitresse et croisé tous ses nouveaux camarades qui courraient partout en criant et en explorant leur nouveau monde.
Il s’était retrouvé plongé dans un univers qu’il ne connaissait pas, où il n’avait aucuns repères, dans lequel il n’avait pas encore compris les règles du jeu.
Il avait besoin de temps pour observer, lui.
Il était plutôt un petit garçon anxieux, très sensible à ce qui l’entourait, captant toutes les informations de son environnement… Et là, ses antennes étaient complètement perdues, il n’arrivait plus à décoder les informations qui arrivaient de toutes parts.
Il était déboussolé, perdu dans cette jungle, au milieu de nombreux dangers, comme un décor de science-fiction où les attaques arrivent de partout.
Tom a peur…
La sécurité émotionnelle est la base de la construction d’un enfant.
Tom, en quelques semaines, a perdu tant de repères : sa maison, son ancienne école, son grand-père si complice, ses parenté étaient maintenant occupés par Zoé et avaient moins de temps pour lui…
Autant d’éléments qui l’insécurisaient et ne lui permettaient plus d’avoir assez de disponibilité psychologique pour les attentes d’apprentissage de sa maitresse.
Alors, quand sa maitresse lui demande de se concentrer sur des ateliers et des activités, lui demande de reconnaitre son prénom et puis ensuite les lettres et puis toutes ses autres consignes, il n’écoute plus, il décroche, semble inattentif…
Parfois même il lui répond méchamment, s’oppose aux consignes que toute la classe applique… Il s’isole, ses copains ne veulent plus jouer avec lui, on l’éloigne dans un coin de la classe, le temps qu’il se calme, il se sent exclu.
Alors, il est encore plus triste et anxieux et il tape encore, il mord encore et encore, perturbe la classe… Comme un cercle vicieux, dont il n’a pas conscience et dont il ne pourra jamais sortir seul.
Il a besoin d’être rassuré, encore et encore, besoin d’un regard attentif sur lui, besoin d’aide et de soutien… Alors, il aura moins peur et pourra reprendre sa mission d’explorateur, pour s’aventurer dans le monde de l’école, ses apprentissages, les copains, les jeux partagés…
Exprimer son anxiété quand on est un enfant : l’agressivité
L’enfant a peu de moyens pour manifester son anxiété.
Son immaturité cérébrale ne lui permet pas d’avoir encore identifié ses émotions et il ne peut pas, de manières conscientes, exprimer son stress.
Seul son comportement témoignera de cette difficulté.
Alors, il pourra moins bien dormir ou refuser de manger, mais c’est surtout à travers son comportement qu’il va extérioriser son angoisse, et en particulier par l’agressivité.
Ses parents et la maitresse, comprenant ses peurs, vont lui offrir des espaces sécurisés, pour que ses antennes ne soient plus en alerte permanente, qu’il puisse retrouver sa curiosité paralysée, son envie de découvrir le monde, et sa joie de partager avec les autres, ses parents, sa maitresse, ses copains.
Il va alors reprendre le fil de son développement, apaisé et compris.
Sinon, il aurait dû encore longtemps se défendre, n’ayant plus d’énergie pour apprendre et s’enfermant dans son monde pour survivre à cette jungle, qui demande de sacrées capacités d’explorateur !!
Accompagner un enfant pour l’aider à ne plus avoir peur
Les règles éducatives sont essentielles pour guider un enfant dans sa compréhension du monde.
Mais dans le cas de l’agressivité, il est essentiel d’en percevoir la face cachée et l’anxiété sous-jacente.
Alors, en lien avec les règles éducatives, il est primordial d’y adjoindre des attitudes de réassurance, de proximité avec l’enfant (éviter de l’isoler dans une autre classe par exemple…) et de compréhension de son insécurité émotionnelle.
Si vous vivez avec vos enfants des situations semblables ou que vous vous posez des questions sur l’attitude de votre/vos enfant.s, n’hésitez pas à nous en parler en commentaires !
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