Avant une anesthésie, vous, patients, entendez souvent qu’il faut absolument être à jeun; ce qui peut vous angoisser. En tant que professionnel, je vais vous expliquer très simplement pourquoi cette période de jeûne est si importante, ainsi que sa durée. Je vous donnerai également quelques conseils pour vous y préparer au mieux.
Pourquoi le jeûne?
Le jeûne préopératoire a pour objectif d’assurer une vidange gastrique complète et de diminuer le risque d’inhalation bronchique à l’induction anesthésique.
En effet, après la perte de conscience, si l’estomac n’est pas bien vide, du liquide gastrique régurgité peut pénétrer dans les poumons; il en résulte une pneumopathie dite d’inhalation, aussi appelée syndrome de Mendelson, pouvant entrainer d’autres complications et conduire en réanimation dans certains cas.
Il faut être d’autant plus prudent qu’il existe un grand nombre de facteurs de risque d’inhalation comme par exemple l’obésité, le diabète, les troubles de la conscience, la grossesse, la présence d’un reflux d’acide, ou les patients opérés de chirurgie bariatrique.
C’est lors d’une prise en charge en urgence qu’il faut prendre le plus de précaution, car le patient n’a pas eu le temps de respecter les consignes de jeûne. Il en résulte une stratégie anesthésique particulière appelée induction en séquence rapide, qui permet de minimiser au maximum le risque d’inhalation.
Le jeune en pratique: quoi ? Combien de temps?
Il est recommandé au cours de la consultation pré-anesthésique de dispenser une information claire à ce sujet.
Dans le cadre d’une chirurgie réglée, l’ingestion de solides est autorisée jusqu’à 6h avant l’heure prévue, d’où la fameuse consigne « être à jeun à partir de minuit la veille au soir » pour éviter que le patient ne prenne de petit-déjeuner le matin de l’intervention. La vidange gastrique débute quelques minutes après le début d’un repas et est plus lente pour les particules solides que pour les liquides.
Concernant les liquides, la prise de liquides dits « clairs » est recommandée jusqu’à 2h avant l’heure prévue de la chirurgie si l’on est certain que le patient comprend bien la règle: il s’agit de boissons sans gaz ni particules comme de l’eau plate, du thé, du café sucré ou non mais sans lait, du jus de pomme ou d’orange sans pulpe.
Cette stratégie de gestion du jeûne pré-opératoire fait partie du programme de réhabilitation précoce post-chirurgie en diminuant la déshydratation pré-opératoire.
Sachez également que fumer une cigarette avant la chirurgie n’augmente pas le risque d’avoir l’estomac plein et ne contre-indique pas la réalisation de celle-ci.
Il s’agit surtout de prévenir toute irritation bronchique et complication pulmonaire lors de l’anesthésie et au cours de l’intervention. Tout comme la cigarette, sucer un bonbon ou un chewing-gum ne devrait pas faire annuler ou reporter une intervention…
Voila donc les explications du fameux « pourquoi être à jeun? ».
N’hésitez pas à poser vos questions au médecin lors de la consultation d’anesthésie, ou lors de la visite pré-anesthésique si vous êtes hospitalisé la veille de votre opération. Sachez que l’ingestion de boissons, donc de liquides clairs, 2h avant une anesthésie permet de réduire la sensation de soif et ainsi de diminuer l’anxiété et d’améliorer le confort préopératoire.
Surtout ne vous privez pas, renseignez-vous bien sur votre heure de passage au bloc opératoire, et buvez un verre d’eau en vous levant si c’est bien 2h avant !